La question reste discutée, mais le bon sens et l'expérience me semblent permettre de répondre positivement à cette question.
Le concept d'éducabilité cognitive découle indirectement des travaux du psychologue Jean Piaget qui a démontré dans les années 1950 que l'intelligence de l'être humain se construisait progressivement suivant un ordre chronologique , allant des opérations les plus concrètes aux plus abstraites, stade qui ne peut guère être atteint qu'à la fin de l'adolescence pour des sujets normaux .
Piaget eut parmi ses disciples, Rey qui forma lui même Reuven Feuerstein . Ce dernier fut chargé de sélectionner les candidats à l'immigration en Israël immédiatement après la seconde guerre mondiale; on lui demanda d'écarter les sujets aux faibles performances intellectuelles ce qui lui posa un problème déontologique dont il sortit par le haut.
Les jeunes juifs européens survivants qui migraient en Israël, ou venaient de certains pays arabes avaient en effet des résultats effroyablement bas aux tests de QI. Feuerstein, pour l'expliquer, définit les concepts de déprivation culturelle, de médiation et de remédiation. Dit plus simplement, ces jeunes du fait de l'histoire subie n'avaient pu être éduqués à un moment crucial de leur enfance ou adolescence (déprivation) par des adultes bienveillants et compétents , ils n'avaient pu recevoir de leurs parents ou proches tout le bagage culturel de ceux ci ( Pas de médiation ( transmission) naturelle), et présentaient de ce fait un déficit de performances intellectuelles.
L'idée et le trait de génie de Feuerstein fut de faire le pari que l'on pouvait remédier, dans le domaine intellectuel tout du moins, à cet état de chose (remédiation cognitive): Il postula que le fonctionnement intellectuel reposait sur la maîtrise de stratégies de fonctionnement cognitives transversales à l'ensemble des opérations intellectuelles, stratégies qu'il fallait définir et qui étaient susceptibles d'apprentissage. Il mit au point dans cette perspective le Programme d'enrichissement instrumental ( PEI) qui donna de bons résultats en Israël; Seul problème, l'outil était très lourd à mettre en œuvre ( sur 3 ans) et surtout très coûteux ( nécessité de la présence de personnels d'un très haut niveau de qualification).
Cette approche est discutée, mais souvent sur la base de travaux d'avant 1992 portant sur des expérimentations incomplètes de la méthode d'enrichissement instrumental de Feuerstein.
Elle a été mise au point sur la base des travaux de Piaget Feuerstein, et Sternberg par une équipe de psychologue de l'université du québec en Abitibi Témiscamingue (Pierre Audy ,François Ruph, Réal Bergeron, Patrick laferté, Mario Richard,Gilles Noiseux )
Elle reprend les grandes lignes du PEI de R. Feuerstein qui distinguait les instruments d'acquisition des informations ( Input), de traitement des informations (élaboration) et de communication des solutions ( Output),mais elle définit de façon beaucoup plus opérationnelle ces différentes stratégies cognitives (faire un renvoi vers la liste des stratégies cognitives), et insiste sur la Métacognition (réflexion sur son propre fonctionnement cognitif par le sujet).
Les stratégies les plus importantes sont mesurées par un test, le PESD, validé scientifiquement: les résultats au pré test sont corrélés de façon mathématique avec les résultats académiques ( pour un public québecois et pour des élèves de banlieue défavorisée d'après mes expérimentations)).
Chaque stratégie défectueuse révélée par le test fait l'objet d'une séance visant à faire découvrir au patient la stratégie qu'il ignore ou maitrise mal, cette séance étant suivie d'un entraînement planifié, effectuée par le sujet dans son milieu de vie, entrainement recadré la séance suivante par le médiateur.
(faire un renvoi vers LE DEROULEMENT D'UNE SEANCE DE REMEDIATION COGNITIVE DANS LA METHODE API)
Une fois les stratégies déficientes du sujet identifiées, le médiateur API les lui fait découvrir ( une séance par stratégie); Le déroulement des leçons suit toujours le même schéma. Une séance est nécessaire par stratégie déficiente ou absente chez le sujet ( entre 45 minutes et une heure en individuel deux heures en collectif avec des groupes de moins de 10 personnes). Les effets se font généralement sentir après la cinquième séance et avant la dixième si le sujet se plie aux entraînements entre les séances;
Par bien des côtés l'Api se rapproche des thérapies comportementales cognitives (TCC), qui la complètent pour l'aide aux enfants ou adolescents en en difficulté scolaires. L'efficacité de l'API, d'après mon expérience auprès d'élèves de milieux socio-culturels défavorisés est prouvée sur le court et moyen terme mais pour obtenir une stabilisation des améliorations obtenues, l'intervention doit être menée sur au moins un an, et complétée par une approche de type TCC. Celle ci permet de casser le sentiment d'impuissance apprise (Seligman) du sujet face aux tâches intellectuelles pour la remplacer par un sentiment d'Auto-efficacité (Bandura). permettant de restaurer l'image de soi et le sentiment de compétence du sujet dans ce domaine notamment. L'apprentissage de techniques de relaxation ( Jacobson) dans ce cadre aide le sujet à faire face aux sentiments anxieux, casser d'éventuelles attaques de panique (coping)et reprendre le contrôle sur ses processus d'apprentissage
les stratégies d'observation | Les stratégies d'élaboration | Les stratégies de réponse |
Observer de façon complète et précise | Anticiper le problème a résoudre | Estimer ma réponse à l’avance |
Comparer les données entre elles | Conserver en tête les éléments pertinents à la résolution du problème | Être précis dans ma façon de répondre |
Comparer les données entre elles | Comparer mon problème avec d’autres déjà faits | Comparer ma Réponse avec celle attendue |
Sélectionner les données importantes | Sélectionner ce qui est important pour la résolution | Sélectionner les éléments essentiels de la réponse |
Explorer de façon méthodique ce que l'on observe | Planifier les étapes pour résoudre le problème | Prendre mon temps au moment de répondre |
Catégoriser les données | Appeler le problème par son nom | Tenir compte de l’interlocuteur |
Interpréter les données | Voir les liens existants entre les éléments du problème | Retrouver les relations virtuelles perçues |
Extrapoler à partir des données disponibles | Faire les liens possibles entre éléments | Vérifier ma réponse avant de la produire |
Décomposer un ensemble en sous ensemble | Décomposer le problème en sous problèmes | Utiliser adéquatement les outils de communication |
Remarquer et combler les données manquantes | Conserver bien en tête la définition du problème | Vérifier ma réponse après l’avoir produite. |
Appeler les choses par leur nom | Faire une représentation mentale du problème | |
Voir ce qui ne varie pas malgré le changement | Élargir le cadre de résolution | |
Qualifier les données observées | Conserver en tête les éléments pertinents à la résolution du problème | |
Quantifier les données observées | Me servir de ma logique | |
Situer les données dans l'espace | Élaborer différentes hypothèses de solutions | |
Situer les données dans le temps | Vérifier mes hypothèses | |
Rassembler les informations retenues | Réfléchir aux conséquences de mes choix | |
Établir les liens entre les données | Faire le point de mes progrès vers la solution |
- Retour sur les leçons précédente et discussion sur les entraînements faits par le sujet et discussion
- Proposition d'une activité amorce concernant une nouvelle stratégie pour créer un choc cognitif sur une nouvelle stratégie déficiente chez le sujet
- Explicitation ( voir ce qu'il aurait fallu faire, le médiateur guidant la résolution du problème) et définition claire et simple de la nouvelle stratégie vue
- Une nouvelle activité, l'activité prétexte, portant sur la même stratégie est proposée, avec la consigne d'appliquer la stratégie découverte; le sujet réussit cette activité Il découvre de façon guidée les avantages que lui procure l'usage de cette nouvelle stratégie
- Vient ensuite la transposition, avec des exemples d'application de cette stratégie dans différents domaines de la vie quotidienne qui prélude à...
- la mise au point d'un programme d'entraînement pour utiliser et ;routiniser l'usage de cette stratégie dans les domaines de la gestion de soi, la vie intellectuelle et la vie sociale. Ce programme est mis au point par le sujet avec l'aide du médiateur.
La prévention des échecs et des abandons scolaires par l'actualisation du potentiel intellectuel (API), Revue québécoise de psychologie, vol. 14, no 1
Le site de l'INSERM propose une fort bonne introduction à ce que sont les thérapies comportementales et cognitives: attention un logiciel de lecture PDF est nécessaire
http://ist.inserm.fr/basisrapports/psycho/psycho_ch7.pdf
Plus rapide et plus simple d'accès, l'article sur Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychoth%C3%A9rapie_cognitivo-comportementale
Source sur le site http://www.aftcc.org/
Le rapport de l'Inserm sur l'évalua lion des psychothérapies conclut à l'efficacité des thérapies comportementales cognitives dans les domaines suivants
Troubles | Efficacités |
troubles anxieux | |
Agoraphobie | Efficacité prouvée |
Trouble panique | Efficacité prouvée |
Trouble anxieux généralisé | Efficacité prouvée |
Phobie sociale | Efficacité prouvée |
Stress Post- traumatique | Efficacité prouvée |
Trouble obsessionnel compulsif | Efficacité prouvée |
Troubles de l'Humeur | |
Dépression moyenne | Efficacité prouvée |
Dépression hospitalisée | Efficacité prouvée |
dépression du sujet âgé | Efficacité prouvée |
Troubles de la personnalité | |
Borderline | Efficacité prouvée |
Evitante | Présomption d'efficacité |
Alcoolo-dépendance | Efficacité prouvée |