INTRODUCTION

 

   

            En France environ 20% des élèves qui entrent en sixième ne maîtrisent que très partiellement l'écrit,  10% sortent sans aucune qualification du système éducatif, 50% seulement avec un titre de niveau V ( c.a.p).

 Une enquête récente de l’OCDE ( dont la France s’est d’ailleurs retirée au vu des premiers résultats) évalue à 40% le nombre de Français qui  ne sont pas capables de lire un texte de façon efficace, c’est à dire d’en sortir les informations qui leur sont utiles.

 

   La situation est semblable dans la plupart des pays occidentaux développés, au Québec notamment où le taux d’échec et d'abandon scolaire est énorme: Plus de quarante pour cent des enfants qui devraient être à l’école cessent de la fréquenter avant la fin de scolarité obligatoire

            Les moyens de remettre dans le circuit social et économique , ces personnes  défavorisées, déclassées, actuellement incapables de profiter du système scolaire, puis de s’adapter aux exigences d’un monde en pleine mutation existent -ils?

 

            Longtemps on a pensé que les déficiences de fonctionnement cognitif[1] ou intellectuel étaient, passé l'adolescence, quasiment irrémédiables: il n'est que de consulter certains travaux scientifiques comme ceux de Binet et Simon au début du XX siècle. certains affirmaient même bien haut le rôle déterminant du facteur génétique dans le domaine du fonctionnement intellectuel et donc l’inutilité des efforts du système scolaire pour éduquer ces intelligences si les parents n’étaient pas eux mêmes intelligents.

 

            Il semble évident que les grands progrès qui sont en cours dans les domaines de la psychologie cognitive depuis un demi de siècle, notamment avec Piaget, Feuerstein, Sternberg, Audy,  remettent sérieusement en cause ces idées d'irréversibilité. 

            Ces progrès  commencent à déboucher sur des applications pratiques dans le domaine qui nous intéresse ici ; parmi de nombreuses méthodes, nous citerons le Programme d'Enrichissement Instrumental (P.E.I)de Feuerstein ( dans les années 1970), et la méthode d'Actualisation Du Potentiel  Intellectuel (API)  du professeur Audy [2]

( années 1990) qui semblent présenter des résultats intéressants dans le milieu scolaire, résultats que l’on commence à  évaluer en entreprise pour l'API en France au Québec.

LA REMEDIATION ET LA MODIFICABILITE COGNITIVE: DEUX DECOUVERTES FONDAMENTALES DU PROFESSEUR FEUERSTEIN.

 

 

Genèse d'une théorie.

 

            Le professeur Feuerstein, un disciple de Piaget[3], enseignant à l'université Bar Ilan en Israël,  a du s'occuper, dans le cadre de la direction des services de psychologie de youth aliyah, du cas de jeunes juifs originaires de l'Afrique du nord ( Maroc surtout). Ceux ci et présentaient des résultats incroyablement bas aux tests psychologiques de QI et se montraient fort peu efficaces dans la vie de tous les jours.

            Cela posait un problème pour leur assimilation  dans la société israélienne, les réduisant à des métiers peu qualifiés.

 

La déprivation culturelle

 

            Feuerstein s'est donc intéressé à démontrer l'importance du milieu socioculturel dans le développement de l'intelligence. Pour les jeunes juifs en provenance du Maroc, leur environnement ne leur fournissait pas les stimuli nécessaires au développement habituel des processus cognitifs et des activités de pensée ; cela débouchait sur une certaine confusion intellectuelle à la fois dans les domaines temporel et spatial. Ne disposant pas d'outils d'analyse pertinents  pour analyser les stimuli provenant de  leur nouvel environnement,ils ne pouvaient les intégrer .

           

Ce handicap mesuré par les tests de Q.I. ne vient pas de l'inadaptation de ceux ci, conçus et articulés autour de valeurs occidentales, puisque de jeunes juifs yéménites[4] dont la culture orale était restée très riche et vivante les réussissaient extraordinairement  bien.

 

C'est ce que Feuerstein appelle "le syndrome de déprivation culturelle"; celui ci frappe toutes les personnes dont les interactions familiales précoces ont été insuffisantes pour établir des liens solides avec la réalité extérieure; en schématisant, les parents n’ont pas appris à son enfant les stratégies nécessaires à l’utilisation de son intelligence, soit par manque de temps, soit parcequ’ils ne les connaissaient pas eux mêmes, celles ci ne leur ayant pas été transmises. Ce syndrome peut être un véritable handicap familial dont la permanence peut pousser à tirer des conclusions biaisées, voire fausses ( hérédité de l'intelligence). Cette déprivation culturelle peut aussi, de nos jours et dans nos sociétés, provenir de l’éclatement des structures familiales dont l’enfant dépend étroitement sur le plan de la médiation, de la transmission culturelle( On estime que 30% des enfants vivants en région parisienne sont élevés des   structures familiales éclatées).

           

            Y -a- t- il un moyen de remédier à cette déprivation culturelle des enfants, des adolescents, ou des adultes, déprivation ou privation qui les marginalise  durablement? Feuerstein répond oui et propose d’utiliser une méthode que l’on appelle le P.E.I[5], qui permet de faire évoluer dans le bon sens le Quotient intellectuel des personnes bénéficiant de cette remédiation cognitive.

 

 

Les critiques sur la validité et l'efficacité de la méthode Feuerstein

 

            La méthode P.E.I. est très lourde et très coûteuse; un volume de 300 heures de Remédiation[6] est nécessaire d’après Feuerstein pour procéder à une remise à niveau complète; elle nécessite l’intervention de psychologues pour faire passer les prétests et les postests  ce qui la rend extrêmement coûteuse, si coûteuse que nous n’avons pas connaissance, hormis dans deux entreprises[7], de l’application intégrale de la méthode en France.

            La plupart du temps, d’après les études de l’UFR de psychologie de l’université PARIS V, les expérimentations réalisées en France n’allaient pas au-delà de 80 heures, ce qui d’après Feuerstein est le seuil minimal nécessaire pour commencer à observer des effets mesurables statistiquement significatifs.

           

            D’autre part la définition de certaines des stratégies cognitives ne semblent pas très précise et aucun test ne les mesure directement. Il est donc impossible de mesurer directement et de façon valide l’impact de ces stratégies sur l’efficacité cognitive de la personne.

           

Dans un article fort critique paru dans la revue sciences humaines d'octobre 1992, Chantal Pacteau, s'appuyant sur une étude menée par l'INETOP[8]( institut national d'étude du travail et d'orientation professionnelle), met en doute l'efficacité de la méthode PEI sans donner les résultats chiffrés de l'enquête. Les conclusions de l’enquête ont été fortement sollicitées dans un sens négatif.

           

            Les auteurs de l’étude se montrent beaucoup plus circonspects: pour eux les résultats sont mesurables et significatifs, mais relativement faibles par rapport aux efforts humains et financiers consentis.

            Par ailleurs dans les expérimentations françaises, la partie remédiation comportementale présente dans la méthode n’a pas été utilisée; en effet elles sont beaucoup trop connotées du fait ses origines israéliennes, les valeurs mises en avant ne correspondant pas à celles qui sous tendent notre vie sociale.

            Enfin les stratégies cognitives apprises dans le cadre du P.E.I ne semblent que très faiblement utilisées par les sujets dans leur vie de tous les jours ( Transférabilité[9]), et il semble ne pas y avoir de gestion  suffisamment cohérente et régulée de l’emploi et du choix de ces stratégies ( Métacognition[10]).

            Des progrès ont été fait ces dernières années, qui semblent répondre aux remarques  de monsieur Huteau: une percée semble avoir été réalisée pour la gestion métacognitive avec les théories de Sternberg ( intelligence triarchique), et un professeur de psychologie canadien a mis au point une méthode insistant sur cette gestion métacognitive , sur la transferabilité des acquis et la remédiation sur les plans affectif, moral et éthique[11], qui étaient il faut bien le dire, un peu absents chez Fleurets même dans la version israélienne de la méthode.


 

LE MODELE DE STERNBERG: LE ROLE DE L' ENTRAINEMENT DES COMPOSANTES DE TRAITEMENT DE L'INFORMATION.

 

 

            Sternberg propose un modèle plus intégré de traitement de l'information que la classification finalement assez disparate des fonctions cognitives de Feuerstein; il apporte un plus dans la mesure où il introduit la notion  de régulation des fonctions cognitives par  des métastratégies ou Métacomposantes[12].

            D'après lui,  l'utilisation plus ou moins adéquate  des composantes de traitement de l'information explique en grande partie les différences de performance des individus.

 

            Plus précisément, il distingue les métacomposantes ( gestion des stratégies disponibles), les composantes de performance ( traitement  de l’information), les composantes d'acquisition des connaissances ; ces trois grands domaines sont en interaction constante et engendrent le développement cognitif et la performance intellectuelle;  ils forment un système de développement de l’intelligence nommé par l’auteur, intelligence triarchique.

                        Cependant si des dysfonctionnements apparaissent dans un de ces trois types de composantes, le rythme de développement de l'intelligence se trouve ralenti et le niveau de performance n’atteint pas le niveau qui devrait être le sien en fonction su potentiel de l’individu. Sternberg insiste très fortement sur le rôle central des métacomposantes qui organisent  et dirigent le fonctionnement de l'ensemble des composantes du traitement de l'information.

 

            Malheureusement les livres de Sternberg[13] n'ont pas été traduits en français,  nous avons donc continué nos recherches dans ce domaine cherchant une approche qui soit à la fois plus intégrée que celle de Feuerstein et plus facile d'application, avec des résultats plus rapides. Cela nous a amenés à nous intéresser à une méthode mise au point au Canada, à l'université de Québec en Abitibi Témiscamingue par une équipe de professeurs de psychologie de l’université de Québec ( professeurs  Pierre Audy, Ruph, Laferté, etc.).

 


 

LA METHODE ACTUALISATION DU POTENTIEL INTELLECTUEL( API)

 

            Le professeur Audy se réclame de Feuerstein dont il  reconnait volontiers le rôle pionnier  dans le domaine de la remédiation et de la réanimation cognitive; il a repris une suggestion de Sternberg se demandant s'il ne serait pas intéressant d' intégrer sa théorie de l'intelligence triarchique et les méthodes de remédiation de Feuerstein.

La taxonomie des stratégies mises en oeuvre dans l'Actualisation du Potentiel Intellectuel ( A.P.I.).

 

            Une des supériorités, nous semble t il, de l'A.P.I. sur les méthodes que nous avons pu voir par ailleurs, est la nomenclature extrêment précise de stratégies de résolution de problèmes (83 exactement)[14] dérivées des fonctions cognitives définies par Feuerstein et des idées de Sternberg sur l'intelligence triarchique. Ces stratégies sont opérationnalisées, c’est à dire clairement définies, et 23 d’entre elles sont mesurables par un test intégré à la méthode.

 

                        Ces stratégies  sont regroupées

 

en dix neuf stratégies d'observation ( numérotées I 1 à I 19)[15]

dix huit stratégies de recherche de solution  (E 5 à E 18)[16],

dix stratégies de réponse (O.1 à O.10).

           

            L'ensemble constituant les quarante sept stratégies de base :37  de celles ci sont soit directement issue des fonctions cognitives de Feuerstein qui ont été rendues plus opérationnelles, soit deduites  de ses écrits. Sternberg partage aussi la paternité de 13 des quarante sept stratégies de base.

 

 Viennent ensuite:

 

sept stratégies  de mémorisation  (M1 à M 7) ,

quatre stratégies de généralisation ( G1 à G4),

six stratégies de créativité (C1 à C6) ,

 huit stratégies de support affectif ( A1 à A8)

et enfin sept stratégies de mise à profit des ressources ( R1 à R7). 

 

 

 

            Pour gérer au mieux l'utilisation de ces soixante dix neuf stratégies (que l'on peut séparer en deux  sous ensembles , soit 64 stratégies d'éxécution et 15 stratégies de support) , Audy insiste sur l'importance des Stratégies de gestion métacognitive décrites  par Sternberg et qui sont présentées comme fondamentales lorsqu'il s'agit d'aborder des problèmes nouveaux ou plus complexes.

 

Cependant le promoteur de cette nouvelle méthode affirme qu'elle fait plus qu'additionner les mérites des théories de Feuerstein sur la médiation et de Sternberg  sur l'intelligence triarchique dans la mesure ou elle propose un système heuristique nouveau plus fécond que les deux précedents, pourtant déjà efficaces .

 

LE TEST  PESD ( Profil d'Efficience Spontanné et sur Demande) ET L'EVALUATION DU QEG ( Quotien d'Efficience Générale )

 

            Un test évalue les stratégies mises en oeuvre par la personne bénéficiant de la remédiation avant et après celle ci; c'est le profil d' efficience spontanné et sur demande (PESD); on présente au candidat un dessin, anodin en apparence, mais permettant de tester en fait 23  des stratégies définies, on lui demande une description ce qui permet à l'intervenant formé à la méthode API de déceler quelles sont les stratégies utilisées spontannément; puis on le guide pour voir s'il est capable d'utiliser d'autres stratégies qu'il n'emploie pas de façon spontannée, mais qu'il maitrise cependant.

 (Le premier cas correspond pour Audy à l'habitude, le second corrrespondant à l'habileté)

 

            Le résultat se présente alors sous forme de clavier, qui compte autant de touches qu'il y a avoir de stratégies décrites dans le cadre de la méthode API; on dispose aussi d'un petit clavier, que l'intervenant API utilise avec la personne qui passe le PESD.

           

             Suivant les résultats, chaque stratégie se voit créditée d'un certain nombre de points, du moins celles qui sont évaluées( les stratégies affectives par exemple ne sont pas cotées de façon scientifique), ce nombre de points se voyant transformé en pourcentage de 0 à 100 avec des codes couleurs[17]: qui sont affectées aux différents niveaux d'efficience cognitive.

 

 

 

            Chaque touche, qui correspond à une stratégie côtée (elles ne le sont pas toutes) est coloriée de la couleur correspondant au pourcentage déduit du nombre de points obtenus par le sujet dans l'utilisation de cette stratégie. Par ailleurs on présente au sujet qui a passé le test ses résultats sous cette forme tout d’abord, puis sous forme d’histogrammes montrant ses résultats comparés a la  moyenne des personnes de son âge.

 

 Une fois cela réalisé,  on calcule le coefficient  d'efficience des stratégies d'input

( stratégies I.1 à I.19  observation), stratégies d'ellaboration (stratégies de recherche de solution E.1 à E.18 ), stratégies d'output (stratégies de réponse O.1 à O.10), classification empruntée à Feuerstein; dans chacun de ces cas on procède au calcul du quotient d'efficience d'input ( Q.E.I.)[18]; même chose pour les stratégies d'ellaboration  avec un quotient d’Efficacité d’Ellaboration (Q.E.E.)et  un quotient d’ellaboration d'output (Q.E.O.). On calcule ensuite  le quotient d'efficience cognitive global (QEG)[19].La méthode ayant été étalonnée au Québec, les premières expérimentations françaises semblent montrer que le QEG moyen en France  pourrait êtrelégèrement supérieur , sous réserve de confirmation

 

 

            Voici quel est le tableau des moyennes de QEI,  QEE, QEO constatées au Québec en fonction de l'âge des sujets concernés;  certaines cases correspondant aux âges inférieurs à  huit ans  restent vides, cela est normal ces stratégies ne pouvant être maîtrisées à cet age par un sujet normal ( échelle de Piaget).


 

Âge

6 ans

7ans

8 ans

9ans

10 ans

11 ans

12 ans

13 ans

14

15

16

17

adultes

QEI

18,6

22

24,4

18,6

21,5

26,7

30

 

 

 

 

 

 

QEE

 

 

39

41,6

44

51

55

 

 

 

 

 

 

QEO

 

 

42

43

57

61

65

 

 

 

 

 

 

QEG

 

 

 

26

30

34

38

42

43

44

46

47

moyenne adultes moyen

au Quebec: 41

etudiant: 50/60

Expert comptable: 55

professeur : 54

 

 

 

 

                                    CRITIQUE DE LA METHODE API.

 

                                               Alors que la partie remédiation cognitive de la méthode repose sur des bases théoriques solides ( Piaget, Feuerstein, Sternberg), dispose d’un test intégré et scientifiquement validé, d’une méthodologie de remédiation et a prouvé son efficacité avec des personnes motivées, on ne sait pas trop quels sont les fondements théoriques permettant la définition de ces principes de vie.

                                   

                        Celle ci est sans doute nécessaire pour des publics de conditions socio- culturelles défavorisées, mais on ne dispose d’aucun instrument permettant d’orienter l’intervention et la remédiation

 

 

Utilisation de la remediation API après passage du PESD

 

            Pierre Audy avance qu'une heure de médiation API auprès d'un sujet lui fait gagner 1%  au niveau de son QEG s'il bénéficie d'une médiation particulière, deux heures étant necéssaires pour obtenir le même résultat au sein d'un groupe ( effectifs limités à quinze au maximum). Une personne ne bénéficie jamais de plus de trente heures de médiation individuelle sauf cas exceptionnel.l’intérêt est qu’initialement en tout cas, le taux de corrélation des résultats au PESD avec les résultats scolaires est paraît il de plus de 80%

 ( lors de nos interventions nous avons pu constater un taux de corrélation de 64%).

 

 

            L'intéret de la méthode est que contrairement au PEI qui fait travailler toutes les stratégies, l'Api permet de ne travailler que les stratégies déficientes chez le sujet et révelées comme telle par le tesdt PESD ; cela permet un gain de temps appréciable: 30 heures pour une remise à niveau complète contre trois cent pour le PEI. D'autre part on retrouve comme dans la méthode Feuerstein, après passage des tests de Q.I. une meilleure progression sur le plan de l'intelligence logique pure, puisqu'au épreuves académiques de mathématiques le groupe API rattrape et dépasse  le groupe témoin après  neuf heures vingt cinq de médiation:

 

 

LES RESULTATS DISPONIBLES POUR LA METHODE API

 

Valeur opératoire du PESD en entreprise:

 le cas de l'entreprise Delstar au Québec

           

            Au niveau des résultats de ce programme en entreprise nous ne disposons que de chiffres partiels, les expérimentations étant en cours au Quebec, et certaines données restant confidentielles tant que les firmes n'ont pas donné leur accord pour la diffusion de ces chiffres . Enfin la méthode ne s'est stabilisée que récemment avec l'introduction de la médiation des principes de vie ( 1993) et nous manquons de ce fait d'un certain recul et d'informations abondantes.

 

                Pour ce qui est de la valeur du test Pesd appliqué à l'industrie elle semble prouvée, puisque plus le QEG de la personne est faible, moins la productivité est bonne

( à poste comparable),  ceci dans le cadre  de l'entreprise québécoise Delstar.

            L'entreprise mesure les performances en productivité sur une échelle graduée de un à cinq, tout comme la qualité du travail fourni.

Quelques précisions sont nécessaires pour ce dernier critère: en effet la qualité du travail est mesurée par la plus ou moins grande quantité de pièces mises au rebut pour défaut de fabrication; plus le nombre de pièces rebutées est élevé, moins l'indice de qualité du travail, lui aussi gradué de un à cinq l'est.

            Si l'on regarde les différents groupes étudiés, on s'aperçoit que le plus le QEG des membres du groupe est important, plus la productivité et la qualité  du  travail sont élevés .

            Par contre au niveau de l'attitude au travail cette corrélation ne joue pas; cela     pour plusieurs raisons.

 

            Tout d'abord, nous l'avons vu, il est possible d'évaluer qualité et productivité du travail avec des grandeurs physiques, alors que l'évaluation d'une attitude est beaucoup plus subjective, d'autant plus subjective que ce sont les supérieurs hiérarchiques immédiats( contremaîtres qui évaluent; or ce sont les personnes les plus efficientes, les plus productives, qui ont une attitude au travail estimée moins bonne que celle des personnes pourtant moins efficientes! Comment expliquer cela ?

Fort simplement d'après le professeur Audy; les contremaîtres se sentent menacés par des gens qui possèdent leur efficacité technique, et sur lesquels la seule supériorité qu'ils possèdent est hiérarchique, basée sur la fonction qu'ils exercent. Cela génère donc une certaine crainte inavouée qui se traduit par un à priori négatif relativement léger( car contrôlé par le n+1 et le n+2 de l'évaluateur) lors de la notation de l'attitude au travail.

            Par ailleurs, nous avons d'autres corrélation très fortes entre le QEG et certains indicateurs. Moins le QEG est important, plus les accidents et absences sont fréquentes.  Là encore la corrélation joue pour les trois premiers groupes de l'échantillon , et  moins nettement pour les personnes les plus efficientes. Comment expliquer cet état de fait?

 

            Les personnes les moins efficientes ne planifient pas leurs actions par des stratégies à terme, ce qui favorise l'occurrence d'accidents par manque d'attention et d'anticipation; ce manque d'anticipation et de gestion métacognitive de leurs comportements qui débouche sur des accidents sur leur lieu de travail a les mêmes conséquences dans leur vie courante, tant au niveau de la gestion de leur environnement que de leur santé. Comme d'autre part, ils appartiennent à des milieux sociaux peu favorisés cela joue dans un sens aggravant[20].

            Pourtant, nous l'avions déjà signalé,la corrélation ne joue pas pour le groupe le plus efficient.

            Cela semble être anormal et devrait amener à  se poser des questions sur la validité du test; en fait il n'en est rien et nous retrouvons là quelque chose de bien connu des ergonomes, à savoir la flânerie de l'ouvrier spécialisé:

            l'homme a besoin d'avoir un travail porteur de sens; si nous nous trouvons dans une structure taylorienne comme semble l'être l'entreprise Delstar, le manque d'intérêt du travail débouche sur des périodes de distraction des personnes ayant un fort niveau d'efficience, distractions qui débouchent sur des accidents.

CORRELATION ENTRE LE NIVEAU D’EFFICIENCE COGNITIVE ET LES ACCIDENTS DU TRAVAIL

           

CORRELATION ENTRE NIVEAU D’EFFICIENCE COGNITIVE ET ARRETS MALADIE

 

            Pour ce qui est du nombre d'absences pour cause de maladie, on peut sans doute trouver des causes ergonomiques; le compromis opératoire que doivent faire les ouvriers à fort niveau d'efficience sont coûteux en terme de stress causé par l'ennui et le sous emploi de leurs capacités, le stress ouvrant c'est bien connu aujourd'hui la porte à la maladie.

 

 

 

Venons en maintenant aux résultats de la médiation Api; trois groupes ont été constitués; un groupe de six personnes, un groupe de quatre personnes ayant bénéficié de la médiation API, et un groupe témoin de neuf personnes n'en ayant pas bénéficié. Nous n'avons pas pu déterminer à partir de la documentation à notre disposition si les groupes expérimentaux avaient été constitués en fonction de niveaux d'efficience cognitive hétérogènes ou homogènes à l'intérieur du groupe.

 

            Nous n'avons pas eu accès aux chiffres concernant la qualité du travail; les seuls chiffres présentant une rigueur scientifique, à savoir la productivité et l'évolution du PESD montrent une évolution qui nous a semblé significative, dans le sens d'une amélioration certaine. On ne peut que regretter le fait que des chiffres portant sur des échantillons plus importants ne soient pas encore disponibles, mais cette méthode n'en est qu'à ses débuts en entreprise, d'autres expériences étant en cours, à hydro-Québec

( compagnie de distribution d'électricité); des chiffres seront sans doute disponibles l'an prochain ( 1995), les résultats de la médiation devant se poursuivre ensuite sur plusieurs années.


 

UTILISATION DE L’API EN MILIEU SCOLAIRE.

 

Au Québec

 

1) EXPERIMENTATION SUR DES ELEVES NORMAUX DU SECONDAIRE EN 1991

 

Evolution des resultats scolaires

 

 

            Cette étude a été réalisée auprès d'une vingtaine d'éleves québecois ( 24) présentant des difficultés et présentant des écarts par rapport à leurs groupes  de + 10% à -20%, auxquels des formateurs dispensèrent une douzaine d'heures de médiation; ces élèves ne relevaient pas de structures spécialisées comme nos SES[21] en France, mais poursuivaient une scolarité normale. Tout comme chez Feuerstein, les résultats semblent probants, mais avec une durée d'intervention beaucoup plus courte ( 20 heures à la place  de 100 à 300 heures). Les résultats semblent probants puisqu’à l’examen final le groupe ayant bénéficié de la remédiation A.P.I dépasse le groupe témoin pourtant parti en tëte

 

 

 

 

 

2)  EXPERIMENTATION SUR DES ELEVES EN ECHEC LOURD DANS LA COMMISSION SCOLAIRE DE Rouyn Noranda

 

Des expériences ont été réalisées[22]  avec des élèves présentants de forts retards académiques de l'ordre de deux ans ( classe de cheminement particulier continu équivalentes à nos classes de SES françaises) avec des chances de réinsertion dans le système classique quasiment nulles; l'intervention là a été plus lourde , le premier groupe recevant 41 heures de médiation, le second près de soixante heures sur l'année. Les résultats ont été surprenants  ( et  demandent d'autres expériences de cet ordre pour être confirmées d'après pierre Audy) ; toujours est il que  64%[23] des élèves ayant reçu cette médiation réintégraient à la fin de l'année un cursus scolaire normal, ce qui ne s'était jamais vu au Canada, pas plus qu'en France dans des structures équivalentes. Le plus surprenant étant qu'une partie de ces élèves  suivent le cursus normalement, alors qu’aucun dispositif de suivi particulier n’a été mis en place pour eux.

 

Ces résultats ont été rendus possibles par la coopération avec les autres professeurs qui aidaient les élèves à faire le transfert des stratégies apprises dans les autres matières; Par ailleurs un des concepteurs de la méthode Monsieur Richard  était venu aider le professeur à montrer aux élèves comment surmonter leurs blocages affectifs, développer leur langage interne, et s’attribuer la responsabilité de leur apprentissage.

 

 

           Une autre expérience a eu lieu[24] au profit d’adultes dans la commission scolaire Jérome Leroyer, ou une expérimentation comparée d’une méthode américaine[25] et d’une méthode canadienne A.P.I: Les personnes bénéficiant du programme suivaient 24 heures de remédiation étalée sur huit semaines à raison de 3 heures par semaine..

 

            Le rythme d’apprentissage s’est considérablement accéléré chez le groupe API  (+ 162%), d’un tiers ( 36%) chez le groupe S.O.I,  et de 18,5% chez le groupe témoin. Seuls les chiffres concernant l’A.P.I sont statistiquement significatifs.

 

 

 

3) EXPERIMENTATION EN GRANDEUR REELLE SUR UN NIVEAU ENTIER DE L’ECOLE POLYVALENTE POUILLOT DE LA COMMISSION SCOLAIRE DES FALAISES  ( PENINSULE DE GASPE AU QUEBEC)

 

            Pour terminer, une expérimentation sur l’ensemble des élèves de première année de collège a lieu en ce moment dans la commision scolaire des falaises, de la péninsule de Gaspé, ou la moitié des enseignants ( 75 sur 150) ont été formés à la méthode.

 

Seuls les résultats du prétest sont disponibles aujourd’hui. Ceux ci permettent de mettre en rapport les résultats au test PESD et le rendement, le Statut scolaire, et le sexe des élèves.

Ils ont porté sur 159 élèves de première année du secondaire de l’école polyvalente C.E Pouillot. on a mesuré le niveau d’efficience de départ de ces élèves . Deux postests auront lieu après l’intervention, l’un en 1996-97, l’autre en 1998.

 

 

            Au vu des résultats scolaires et du cursus antérieur, on a réparti les éleves en plusieurs groupes:

 

Les élèves très  forts ayant pour le français et les mathématiques une moyenne supérieure à 85 % soit en France l’équivalent de 17 ( les notes québecoises se donnent sous forme de pourcentage de 0 à 100%).

 

Les élèves forts, dont la moyenne se situe entre 75 et 80% ( entre 15 et 17)

 

Les éleves moyens dont la moyenne se situe entre 65,5 et 75 ( de 13à 15)

 

Les éleves faibles dont la moyenne se situe entre 60 et 65,5 ( de 12 à 13)

 

Les éleves en situation d’échec dont la moyenne est inférieure à 60% ( 12)

 

Les éleves doubleurs pouvant  être agés de 14 à 15 ans en premiere année de secondaire

 

Les éleves en chemin particulier temporaire  qui arrivent en secondaire en ne maîtrisant pas les objectifs de sixième année du primaire.

 

Les élèves en cheminement particulier continu qui ne mâitrisent pas encore les objectifs de la cinquième année du primaire

 

            Y a t-il une corrrélation entre les résultats au test P.E.S.D et le statut scolaire des enfants évalués ? Elle est importante comme nous le montrent le tableau et le graphique ci joints.

 

 

 

 

 

Graphiquement la corrélation semble évidente; pouvons nous aller plus loin et établir une corrélation mathématique entre les résultats d’un groupe au P.E.S.D. et ses résultats en français et en mathématiques. voici les résultats obtenus pour les 130 élèves en premiere secondaire à la polyvalente Pouillot.

 

 

 

 

 

Passation de test par  des élèves de section d’éducation spécialisée ( SEGPA)

 

 

Par ailleurs, des élèves volontaires de SES ont accepté d’être testés, mais il n’a pas été possible de monter une intervention durable les concernant ; nous joignons le document qui nous semble révélateur. La maîtrise des stratégies cognitives y est très faible, inférieure à celle d’élèves de sixième se situant dans la norme. Ces élèves d’un très faible niveau scolaire, ayant en moyenne plus de deux ans de retard, sont scolarisés dans des classes à petits effectifs, et leurs résultats aux examens qu’ils préparent ( CAP) sont très faibles.

 

 

 


Exemple d’une intervention dans un collège du quartier latin

 

 

3.3. Les résultats pour les matières à professeurs engagés à l’issue de l’expérimentation

 

La méthode api a été utilisée conjointement avec des techniques de Psychologie sociale (engagement) utilisée sur l’entourage des éleves, familial ( 2 groupes parents engagés et aidants, parents non engagés)  et éducatif ( professeurs engagés et aidants ; professeur non engagés) pour aider les sujets à transférer leurs acquis dans le domaine scolaire.Les professeurs ont procédé de deux façons différentes : soit ils ont aidé individuellement les élèves, de façon incidente et implicite, à utiliser les stratégies qu’ils ne connaissaient pas ou ne maîtrisaient pas suffisamment (Anglais, Français) soit ils ont aidé de façon méthodique les sujets à transférer l’usage des stratégies et à les contextualiser dans leur propre matière ( physique)

 

3.3.1. Résultats dans les matières à aide incidente et implicite ( français et anglais)

 

 

3.3.1.1 Français

 

3.3.1.1.1. Résultats de Français à la fin de l’expérimentation (avec redoublants)

Nous avons donc pris en compte les sujets des groupes en y incluant ceux ayant redoublé ou quitté l’établissement.

 
Résultats en français un an après la fin de l’expérimentation.( juin 2001 sans redoublants)

Les conditions ont changé, puisque les classes ont été remaniées, les programmes et les professeurs ne sont plus les mêmes

 

Discussion sur les résultats obtenus en Français.

Les groupes B et D partageant la condition parents engagés connaissent une progression quasiment parallèle. C’est ici l’aide apportée par les parents qui semble déterminante, et elle donne  des résultats relativement stables dans le temps (malgré une légère érosion un an plus tard) par rapport au groupe témoin qui quant à lui ne cesse de perdre du terrain. Tout se passe comme si dans ce domaine, la simple intervention en remédiation cognitive sans aide de l’entourage ne donnait aucun résultat. Cela cadre assez bien avec ce que disent les théoriciens de la médiation, (Vygotsky, Bruner, Feuerstein et Audy),à propos de l’importance de la médiation de l’entourage pour accéder à la maîtrise des concepts et des « instruments de pensée ». L’entourage des sujets, du fait de leurs caractéristiques socioculturelles ont pu valablement aider leurs enfants dans ce domaine.

Il est par ailleurs intéressant de noter que le groupe C (professeurs engagés) reste en T6 au niveau atteint en T3, alors que les groupes B et D voient leurs résultats régresser. Si l’on compare les groupes C d’une part et les sujets amalgamés des groupe B et D d’autre part, , les sujets de BD perdant 0.56 points de moyenne et C 0.01 point. Cette résistance plus ou moins forte du groupe C à l’érosion des gains obtenus à la fin de l’expérimentation se retrouvera dans les résultats des autres matières

 

Les résultats en Anglais

 
Les résultats à l’issue de l’expérimentation

 
  Discussion des résultats obtenus en Anglais.

 

Là encore nous constatons qu’un apprentissage de « stratégies » cognitives sans que l’entourage aide au transfert (groupe A) n’empêche aucunement l’érosion des résultats scolaires sur le long terme, même si le niveau d’efficience mesuré par le test a augmenté durant l’intervention (entre T1 et T3).      

Par contre les trois autres groupes, comme nous l’avons vu plus haut voient leurs moyennes progresser plus ou moins fortement. Tout ne peut s’expliquer par les effets d’attente, monsieur Huteau (1992) affirmant que leur effet reste très modéré et disparaît à la fin d’une intervention. Dans ce cas précis, le professeur, très fortement investi dans sa pratique a aidé très fortement à contextualiser dans sa matière l’emploi des stratégies vues en séance de remédiation, mais sans insister sur le «  monitoring » de ces « stratégies » dont parle Flavell (1985). L’année suivante, il n’a pu suivre aucun des élèves, n’enseignant pas dans les classes de troisième où ceux ci se trouvaient alors.

Par ailleurs, les comparaisons entre résultats des groupes ne sont pas significatives un an après sauf entre A et D, cela étant surtout du au resserrement de l’éventail des moyennes. Cependant le groupe C est le seul en T6 à garder un résultat nettement supérieur à celui qu’il obtenait initialement, (situation que nous avons déjà noté pour les résultats de Français) alors que les autres groupes régressaient par rapport à leur niveau de départ.

 

 

  Les résultats en physique (Contextualisation de l’usage des stratégies et apprentissage d’une gestion métacognitive)

 

Dans cette matière la professeur soumis aux techniques d’engagement a accepté d’aider les élèves des groupes C et D ; il a procédé de façon très explicite et très méthodique en reprenant chacune des « stratégies » vue dans la semaine, en aidant les sujets à transférer l’emploi de cette « stratégies » dans sa matière. Elle a par ailleurs cherché à apprendre aux sujets à gérer méta cognitivement les différentes stratégies vues.

 

 Les résultats à l’issue de l’expérimentation

 

  Discussion des résultats en Physique.

  A la fin de l’expérimentation

Cette matière nous l’avons vu se caractérise par une intervention plus explicite et plus méthodique de l’enseignant pour aider les sujets au transfert des stratégies vues en leçon de médiation. La professeur de physique ayant les deux classes, cette aide a été donnée aux sujets de la quatrième 1 fournissant les groupes A et B, et à ceux de la quatrième 2 fournissant ceux des groupes B et D. Cependant, aux dires du professeur, elle est intervenue de façon beaucoup plus lourde et systématique en quatrième 2, du fait du plus grand nombre d’élèves en difficulté. La hausse de la moyenne de tous les groupes nous pose problème, car même le groupe témoin (A), voit ses résultats progresser ; nous avons donc questionné le professeur sur sa façon de faire, et à cette occasion, nous avons pu constater qu’elle avait appris à ses élèves à se gérer méta cognitivement.

Cet apprentissage reprenait certaines «  stratégies » métacognitives de la taxonomie d’Audy et Al. (1993), 22 cherchant à leur apprendre à :

Reconnaître la nature et les implications du problème (MC1), à « comparer et sélectionner les stratégies d’exécution pertinentes pour la résolution du problème » (MC 2),à contrôler et réguler le processus de résolution du problème (MC4), à sélectionner les éléments essentiels pour la résolution du problème ( E4), Planifier les étapes de résolution du problème (E5) et voir les liens entre ces élements ( E7), toutes stratégies que nous n’avons pu aborder pour des raisons évoquées en introduction .

Par ailleurs, les sujets commençant la physique en classe de Cinquième, les acquis de cette année n’étant pas indispensables à la réussite en quatrième, les sujets ne pouvaient être gênés ni par des lacunes dans la base de connaissance, ni par un sentiment d’impuissance apprise bien ancré, (Seligman, M.E.P., 1975) ni par les schémas de soi négatifs, d’échec scolaire, propres à cette matière 5 J.M. Monteil, 1998).                           On ne peut expliquer les progrès du groupe C au cours de l’expérimentation par une forte augmentation de l’efficience cognitive de ce groupe, celui ci réalisant la plus faible progression dans ce domaine entre T1 et T3. On peut poser l’hypothèse d’une amélioration du niveau métacognitif des sujets de ce groupe plus importante que celle des autres groupes

  Un an après.

Les progrès se sont poursuivis, Contrairement aux autres matières, les résultats ont continué à progresser pour tous les groupes., et nous l’avons vu, les comparaisons restent significatives entre les groupes D d’une part, C et A d’autre part. Cependant certains des élèves ont gardé leur professeur initial et nous avons eu l’idée d’opposer ces élèves a ceux ayant changé de professeur sans tenir compte des groupes d’appartenance. Si en T3 il n’y a pas de différence significative, en T6 les sujets ayant gardé leur professeur de physique voient encore leur moyenne progresser de 3. 67 points par rapport au niveau initial, alors que les autres sujets ne progressent plus que de 0.32 point.

 

  Les résultats d’une matière non expérimentale : Les  Mathématiques

.

. Discussion des résultats obtenus en Mathématiques.

Dans cette matière où le professeur ne s’est pas impliqué dans l’expérimentation, la maîtrise d’une base de connaissance suffisante est un facteur déterminant. En quatrième, pour obtenir des résultats moyens, il est nécessaire de s’appuyer sur les connaissances et procédures qui ont été théoriquement été acquises depuis le primaire. La seule comparaison nette aux trois différents moments est celle entre les groupes C et D. Si la progression du groupe D peut être mise en relation avec l’aide des seuls parents, celle du groupe C nous pose problème puisque dans cette matière, les sujets n’ont pu profiter de l’aide du professeur et se trouvent donc dans les conditions qui sont celles du groupe A (témoin).

Les différences d’aide fournie par les médiateurs pertinents (professeur de la matière et/ou parents) n’existant pas dans ce cas de figure ne peuvent fournir de facteur explicatif ; Ceci d’autant plus que les sujets du groupe D , bénéficiant théoriquement du soutien de leurs parents progressent moins que les sujets du groupe C (comparaison statistiquement significative). Une amélioration de la maîtrise des stratégies de base par les sujets du groupe C pourrait elle fournir un facteur explicatif de ces progrès scolaires comme le pensent Audy et Al. (1993) ? Non, car c’est le groupe dont les résultats progressent le moins entre T1 et T3 au test d’efficience cognitive.

Si l’on compare les résultats des groupes B et D qui ont partagé les mêmes conditions d’engagement de l’entourage, on s’attendrait à observer une évolution parallèle de leurs résultats, la différence entre ceux ci n’étant pas nette, ni en T1 ni en T3. Or en T6 l’écart se creuse et devient important (2.02 points au profit de D). Comment expliquer cet état de fait ?

On peut risquer une hypothèse, celle d’un transfert de l’apprentissage métacognitif réalisé en physique dans le domaine des Mathématiques. Cela cadrerait avec ce que nous savons de cet apprentissage métacognitif donné par le professeur de physique, surtout aux élèves de la classe de 4.2, donc aux sujets des groupes C et D. Messieurs Huteau et Loarer (en 1992) notaient l’absence de transfert lointain des « stratégies cognitives apprises », mais en se basant sur les méthodes existant à l’époque, essentiellement le PEI, qui ne formalise pas l’apprentissage métacognitif . Par ailleurs le programme de physique et les exercices proposés dans cette matière font fortement appel a des notion s utilisées en mathématiques. Cela est conforme à ce qu’annonce la méta-analyse de Wang, M., Haertel G.et Walberg H. ( 1993) sur ce qui aide les élèves à apprendre; pour ces auteurs, la métacognition vient en premier parmi tous les facteurs susceptibles d’aider les « apprenants» à apprendre.


 

 

 

ANNEXE 1

 

LES DIFFERENTES STRATEGIES COGNITIVES

 

 

Les 4 stratégies métacognitives

 

MC1 Anticiper la nature et les implications du problème

MC2 Comparer et sélectionner les stratégies d’éxécution pertinentes

MC3 Planifier les stratégies retenues

MC4 Contrôler et réguler le processus de régulation de problème

 

Les 19 stratégies d’observation

 

I.1 Anticiper l’observation à faire.   I.2 Observer de façon complète et précise 

I.3 Comparer ce qui est semblable et différent  I.4 Sélectionner l’essentiel

I.5 Explorer méthodiquement  I.6  Regrouper par ensemble 

I.7 Interpréter ce que j’observe I.8 Extrapoler ce que j’observe

I.9 Décomposer en sous ensemble I.10 Remarquer et combler ce qui manque

I.11 Appeler les choses par leur nom

I.12 Voir ce qui ne varie pas malgré le changement I.13 Compter les choses semblables  I.14 Qualifier ce que j’observe I.15 Situer les informations dans l’espace 

I.16 Situer les informations dans le temps

I.17 Rassembler les informations retenues

 I.18 Tenir compte de plus d’une chose à la fois

I.19 Faire l’inventaire de mes observations

 


LES 18 STRATEGIES DE RECHERCHE DE SOLUTION  (ELLABORATION)

 

 

E.1. Anticiper le problème à résoudre E.2 Définir mon problème avec précision

E.3  Comparer mon problème avec d’autres déjà faits

E.4 Sélectionner ce qui est important pour la résolution

E.5  Planifier les étapes pour résoudre le problème

E.6  Appeler le problème par son nom

E.7  Voir les liens existants entre les éléments du  problème

E.8 Faire les liens possibles entre éléments

E.9 Décomposer le problème en sous problèmes

E.10 Faire une représentation mentale du modèle

E.11 Conserver bien en tête la définition du problème

E.12 Elargir le cadre de résolution

E.13 Conserver  en tête les éléments pertinents à la résolution du problème

E14 Me servir de ma logique

E.15 Elaborer diffférentes hypothèses de solutions

E.16 Vérifier mes hypothèses  E.17 Réfléchir aux conséquences de mes choix

E.18 Faire le point de mes progrès vers la solution

 

 

 

 

LES 10 STRATEGIES DE REPONSE

 

O.1 Estimer ma réponse à l’avance  O.2 Etre précis dans ma façon de répondre

O.3 Comparer ma Réponse avec celle attendue

O.4 Sélectionner les élements essentiels de la réponse

O.5 Prendre mon temps au moment de répondre O.6 Tenir compte de l’interlocuteur

O.7 Retrouver les relations virtuelles perçues

O.8 Vérifier ma réponse avant de la produire

O.9 Utiliser adéquatement les outils de communication

O.10 Vérifier ma réponse après l’avoir produite.

 

 

 

 

LES 7 STRATEGIES DE MEMORISATION

 

M.1. Focaliser son attention

M.2. S’imprégner du contenu à mémoriser

M.3. Organiser

M.4. S’approprier

M.5. Intérioriser

M.6 .Se Rappeler et réviser périodiquement

M.7. Utiliser le contenu mémorisé

 

 

LES QUATRE STRATEGIES DE  GENERALISATION

 

G.1 Dégager un acquis généralisable

G.2 Identifier les bénéfices escomptés par la généralisation

G.3 Imaginer des transposition de l’acquis dans différents contextes

G.4 Transférer l’acquis dans différents contextes d’utilisation.

 

 

LES 6 STRATEGIES DE CREATIVITE

 

C.1 Générer des combinaisons aléatoires

C.2 Générer des combinaisons prédéterminées

C.3 Recourir à l’antithèse

C.4 Recourir à l’analogie

C.5 Recourir à l’imaginaire

C.6 Etre ouvert à ses intuitions.

 

LES HUIT STRATEGIES DE SUPPORT AFFECTIF

 

A.1  Contrôler son impulsivité

A.2  Surmonter les blocages

A.3  Gérer son stress

A.4  Anticiper les bénefices éventuels

A.5  Se récompenser pour les réussites

A.6   Se parler positivement

A.7   S’attribuer la responsabilité de son apprentissage

A.8   Persévérer

 

LES SEPT STRATEGIES DE SUPPORT AFFECTIF.

 

R.1 Mobiliser son attention

R.2 Utiliser son langage intérieur

R.3 Utiliser l’imagerie mentale

R.4 Planifier son temps

R.5 Organiser son environnement physique

R.6  Planifier l’utilisation de ressources matérielles adéquates

R.7  Recourir à des ressources humaines compétentes.

 


  ETAPES D’UNE LECON DE MEDIATION DES STRATEGIES DE                                           RESOLUTION DE PROBLEME

 

 

                                                                    PREMIERE ETAPE

 

1) INTRODUCTION ET PRISE DE CONTACT  

 

            Chaleureux pour mettre en confiance le sujet et soutenir sa motivation

 

2) RESUME ET LIEN  AVEC LES ACTIVITES PRECEDENTES.

           

a)Rappeller l’intention à long terme de la remédiation: mettre en valeur leur potentiel  intellectuel pour les aider à réussir.

b) Rappel des éléments importants de la dernière leçon et vérifier si les principes appris ont été bien appliqués.

 

c) Amorce : éveiller l’intéret du sujet et gagner sa participation

 

d) But de la séance : faire découvrir aujourd’hui telle stratégie

 

e) Clarification du vocabulaire: verifier la compréhension des concepts necéssaires pour la                                                                                         leçon.

 

 

                                     DEUXIEME ETAPE

 

L’ACTIVITE PRETEXTE

 

            Mettre le sujet en situation de résolution de problème, en face d’un défi dont il ne peut sortir victorieux qu’à condition d’utiliser des stratégies appropriées.

 

Le formateur API doit :         Accompagner le sujet.

                                               Le soutenir dans:

                                                                        la découverte ,

                                                                       la compréhension,

                                                                       l’application des comportements stratégiques                                                                     adaptés à la résolution de ce problème.

 

 

 

 

 

 

            TROISIEME ETAPE:  OBJECTIVATION ET GENERALISATION DU                                                                         PRINCIPE

 

1) OBJECTIVATION DU PRINCIPE A DEGAGER

 

 Dégager et expliciter le principe but de la leçon; la formulation doit toujours être formulé sous la  forme suivante: Quand je prends l’habitude d’utiliser telle stratégie, je bénéficie de tel avantage

 

2) GENERALISATION DU PRINCIPE

 

 comment puis je appliquer ce nouveau principe ou cette nouvelle stratégie dans le domaine de la vie quotidienne, scolaire professionnelle, relationnelle

 

 

 

                                                           QUATRIEME ETAPE

 

1)  RESUME ET CONCLUSION

 

Aider le sujet à ancrer dans sa mémoire les points importants de la leçon, but principe, idée d’application, vocabulaire.

 

2) PLANIFICATION ET TRANSFERT

 

Définir une ou deux applications concrètes pour la semaine qui suit

Soutenir la motivation du sujet à appliquer

 

ANNEXE N° 2

Un exemple de PESD coté avec graphique de présentation au sujet

 

 

 

 

 

 

Nous avons choisi ce pesd, car c’est celui d’un élève de troisième qui travaillait énormément, qui est très volontaire, mais obtenait des résultats faibles qui l’ont poussé à s’orienter en BEP.. Au vu du prétest, on comprend pourquoi les résultats étaient faibles, aucunes des stratégies d’ellaboration ne dépasse le niveau  moyen d’un enfant de 10 ans. Cette personne a suivi une remédiation dont voici les pré tests et postest..

 


 

 

Scolarité

 

Prétest

25/09/95

 

 

 

 

 

BEPélectromécannique     

 

postest

Juin96

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EVALUATION DES STRATEGIES COGNITIVES

 

 

prétest-

 

Postest-

 

 

 

Stratégies

prétest

normes 17

NORME

Postest

Juin 1996

Norme

gain

 

E1

anticiper le problème à résoudre

40,00

45,90

-5,90

40,00

-5,90

0,00

E1

E2

définir mon problème avec précision

0,00

55,00

-55,00

40,00

-15,00

40,00

E2

E11

Conserver bien en tête le problème

6,00

66,00

-60,0

100,00

34,00

94,00

E11

E13

Conserver toute information utile à la résolution

0,00

50,00

-50,00

40,00

-10,00

40,00

E13

E14

Me servir de ma logique

0,00

52,00

-52,00

30,00

-22,00

30,00

E14

 

Q.E.E =

9,20

53,78

-44,58

50,00

-3,78

40,80

 

O2

Etre précis dans ma façon de répondre

0,00

61,60

-61,60

30,0

-31,60%

30,00

O2

O5

Prendre mon temps au moment de répondre

20,00

 

 

20,00

 

 

O5

O8

Vérifier ma réponse avant  de la produire

0,00

 

 

100,00

 

 

O8

O9

Utiliser adéquatement les outils de communication

80,00

84,90

-4,90

84,00

-0,90

4,00

O9

O10

Vérifier ma réponse après l'avoir produite

 

 

 

100,00

 

 

O10

 

Q.E.O =

40,00

73,25

-33,2

57,00

-16,2

17,00

 

I2

Observer de façon complète et précise

4,00

33,40

-29,40

14,00

-19,4

10,00

I2

I3

Comparer ce qui est semblable et différent

40,00

34,40

5,60

40,00

5,60%

0,0

I3

I4

Sélectionner l'essentiel

ne

41,40

 

 

 

0,00

I4

I6

Regrouper par ensemble

86,00

33,20

52,80

80,00

46,80

-6,00

I6

I7

Interpréter ce que j'observe

29,00

35,60

-6,60

48,00

12,40

19,00

I7

I8

Extrapoler à partir de ce que j'observe

0,00

6,20

-6,20

0,00

-6,20

0,00

I8

I9

Décomposer en sous ensembles

60,00

14,70

45,30

80,00

65,30

20,00

I9

I10

Remarquer et combler ce qui manque

0,00

31,20

-31,20

40,00

8,80

40,00

I10

I13

Compter les choses semblables

60,00

50,10

9,90

86,00

35,90

26,00

I13

I14

Qualifier ce que j'observe

0,00

10,80

-10,80

0,00

-10,80

0,00

I14

I15

Situer les informations dans l'espace

10,00

37,70

-27,70

26,00

-11,70

16,00

I15

I16

Situer les informations dans le temps

10,00

26,90

-16,90%

40,00

13,10%

30,00

I16

I18

Tenir compte de plus d'une chose à la fois

16,00

31,90

-15,90

20,00

-11,90

4,00

I18

 

Q.E.I  =

22,50

31,99

-9,49

39,50

7,51

17,00

 

 

Q.E.G =

23,21

41,11

-17,90

41,00

-0,11

17,79

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pré

test

norm 17

prétest-norme

Post

test

Postest-norme

gain

 

 

Cettepersonne ayant béneficié d’une trentaine d’heures de médiation a vu ses résultats scolaires monter de  points  lors de sa scolarité BEP, et a passé avec succès cet examen avec succès alors que le pronostic initial était pessimiste La prise de conscience par le sujet de son fonctionnement cognitif qu’au bout d’une vingtaine d’heure de médiation



[1] Cognitif: ce qui a rapport aux activités de connaissance et de fonctionnement de  l’intellect.

[2] de l’Université de Québec en abitibi-Témicamingue ( U.Q.A.T)

[3] jean  Piaget est un des pionniers de la psychologie cognitive: Professeur  d’université en suisse, il est le premier à avoir démontré que l’intelligence de l’enfant se développait par pallier successif, des opérations mentales les moins abstraites vers des opérations de niveau d’abstraction de plus en plus complexe, le niveau optimal étant atteint vers 20 ans.

[4] testés par les psychologues de la même organisation, Youth Aliyah, avec les mêmes outils

[5] P.E.I. pour programme d’enrichissement instrumental.

[6] Remédiation: apprentissage des stratégies cognitives que le sujet déprivé ne maîtrise pas et qui gène considérablement la mise en oeuvre de ses potentialités intellectuelles

[7] L’Unio Laitière Normande ( groupe BSN) et la société Tréfimétaux

[8]Cette étude a pour auteurs, Daniel Chartier, Michel Huteau, et Even Loare     

 

[9] La transférabilté d’une stratégie consiste à utiliser la stratégie apprise en dehors du contexte où elle a été apprise. Si le sujet n’utilise cette nouvelle stratégie que dans des situations proches de celle du contexte d’apprentissage, on parle de transfert proche. Si le sujet utilise cette stratégie dans un contexte totalement différent de la situation d’apprentissage, on parle alors de transfert lointain; il semble qu’un des défauts de la méthode Feuerstein soit de ne généere que peu ou pas de transfert lointain

[10] La METACOGNITION consiste à planifier l’utilisation des stratégies cognitives maîtrisées par le sujet en fonction du problème qui se pose à lui.

[11] Remédiation, des principes de vie i.e. apprentissage de certains principes de comportement sur le plan individuel et social facilitant le développement de l’individu et son insertion sociale.

[12] Les  Métastratégies ou Métacomposantes cognitives  ont pour but de choisir en fonction du problème posé les stratégies cognitives qui vont être mise en oeuvre pour  résoudre ce problème

[13]STERNBERG: Handbook of human intelligence. Cambridge: Cambridge university press 1982

et Beyond IQ : a triarchic théory of human intelligence Cambridge. New Uork: Cambridge Univerity  press

[14] Pour la liste complète des stratégies, voir en annexe.

[15] Les stratégie I correspondent à l’acquisition de l’information (  I pour INPUT)

[16] Les stratégies correspondent au traitement de l’information ( E pour Ellaboration)

[17] une couleur rouge plein est attribuée aux résultats entre 0 et 19%, ce qui correspond à une stratégie non maîtrisée, la couleur cadre rouge est attribué pour les très faibles pourcentage d'efficacité cognitive ( 20 à 39%), la couleur jaune plein aux niveaux d'efficacité cognitive faible (de 40 à 59 %), la couleur cadre jaune étant donné pour les  bons niveaux d'efficience ( de  60 à 79 %), la couleur cadre vert étant donnée pour les stratégies très bien maîtrisées( de 80 à 90 % d'efficience cognitive), la couleur plein vert étant réservées aux niveaux d'efficience cognitive exceptionnels supérieur à 90%.

[18] on calcule le QEI en additionnant les points obtenus dans les stratégies d’Input et en divisant par le nombre de stratégies d’observation évaluées

 

[19]QEG quotient d'efficience global en additionnant les points obtenus dans toutes  les stratégies  et en divisant par le nombre de stratégies  évaluées.

QEI quotient d'efficience (des stratégies) d'input en additionnant les points obtenus dans les stratégies d’Input et en divisant par le nombre de stratégies d’observation évaluées

 

 

[20] " comme par un fait exprès, plus ils sont pauvres et plus ils sont malades...".le médecin de Panisse dans la pièce de Pagnol, César.

[21] Section d’Education Spécialisée: classes résevées aux enfants en grosse dificulté scolaire ayant deux ans de       retard et plus.

[22] Par madame Lyne Caouette de la commission scolaire de Rouyn Noranda

[23] Le professeur n’avait suivi que le premier module de formation ( il yen a trois: la première année 53% des élèves revenaient dans le circuit normal, la seconde année 75 %, ce qui donne sur les deux ans une moyenne de 64%

[24] printemps 1991

[25] S.O.I pour structure of intellect